SUR LE TOIT DU MONDE ....

Voilà déjà bien longtemps que nous sommes redescendus du toit du monde! Entendez par là que nous sommes rentrés de notre petit voyage au Tibet durant les vacances de la fête nationale chinoise (première semaine d'octobre...) et non pas que nous nous sommes lancés MCT et moi à l'assaut de l'Everest !! Nous n'en avons pas franchement les capacités et, à vrai dire, même pas l'envie...

Il n'en reste pas moins vrai qu'être au Tibet c'est évoluer à une autre altitude que le commun des mortels, tant physiquement (le plateau Tibétain étant déjà à plus de 3600 mètres) que spirituellement.

Faut il voir là la raison de mon temps de redescente bien trop long jusqu'à mon clavier ? la vérité est hélas bien plus terre à terre et se trouve dans mon incapacité à gérer mon temps, entre toutes mes activités et mon examen de chinois qui approche à grands pas... ceci dit je ne vais pas me plaindre, au moins je n'ai pas le temps de m'ennuyer !!

A ma décharge également, j'avoue que raconter le Tibet est très compliqué. D'une part parce qu'il y a beaucoup à dire, que c'est difficile d'être concis (enfin pour moi...) et que le but de ce blog n'est pas de vous endormir avec des récits à rallonge. D'autre part parce que la région autonome du Tibet est très riche culturellement, spirituellement, mais surtout très compliquée au niveau politique comme vous vous en doutez... des questions nous en avions beaucoup en arrivant, je crois qu'en repartant nous en avions encore plus....

Il faut savoir que bien qu'étant officiellement intégré à la Chine depuis 1950, entrer et circuler au Tibet n'est pas simple pour les étrangers, même résidents en Chine comme nous. Il faut, au préalable, obtenir une autorisation et pour cela donner le déroulé de votre voyage dans les détails. Le voyage doit être organisé par une agence et vous devez vous déplacer en voiture avec chauffeur, guide... et caméra embarquée !! Nous avons d'ailleurs été mis au parfum dès la sortie de l'aéroport : notre guide (chinoise) nous a accueillis très gentiment avec un foulard blanc qu'elle nous a mis autour du cou comme le veut la tradition tibétaine, puis nous a annoncé que toutes nos conversations seraient enregistrées dans la voiture et que pour ne pas mettre mal à l'aise notre chauffeur tibétain, nous étions priés d'éviter les questions politiques.... sur la route, beaucoup de contrôles de notre véhicule ou de nos identités... bref nous avons vite senti que la situation n'était pas très sereine. 

Il n'en reste pas moins vrai que cela fut un magnifique voyage. Nous avons découvert des paysages grandioses et une population très accueillante mais surtout très pieuse, pour qui la religion fait partie de la vie de tous les jours et qui place le sacré dans chaque acte de la vie et dans la nature qui l'entoure. 

La région compte de nombreux lacs sacrés sur lesquels il n'y a donc aucune activité de pêche ou de détente, ce qui leur confère une image encore plus mystérieuse. Ci dessous le Lac Yamdrok Tso, long de plus de 70 km et d'une superficie de plus de 630 km2. La légende dit qu'il serait la transformation d'une déesse, on dit également qu'après le décès de l'avant dernier Dalai Lama, les Lamas chargés de trouver son successeur auraient vu le visage de ce dernier apparaitre à sa surface. Chaque année de nombreux pèlerins viennent faire le tour de ce lac, ce qui leur demande environs 7 jours.

Même les lacs non sacrés sont parés de drapeaux de prière; le vent, dans son souffle, aidant les prières à monter au ciel...

A 200 km au nord de Lhassa, le Lac Namtso, autre lac sacré,  a la particularité d'être constitué d'eau salée. Situé à 4800 m d'altitude, la route pour y parvenir emprunte plusieurs cols à plus de 5000 m et, là, les organismes commencent à ressentir quelques difficultées respiratoires...

Le caractère sacré du lieu n'empêche pas l'utilisation mercantile ...

yaks apprêtés pour la pose photo...

... et leur propriétaire prêt à encaisser

La route pour accéder au Lac Namtso

Et à chaque point de vue, chaque col..... toujours la présence des drapeaux de prière nous rappelle que la nature ici est sacrée...

En redescendant sur la plaine, nous croisons des troupeaux de yaks, l'animal qui aurait pu, lui aussi, être sacré tant il s'est montré, dans le temps, indispensable à la vie des tibétains....Cet animal de somme fut longtemps leur seule source de protéines par la viande mais surtout par le lait qu'ils consomment tout au long de la journée, que ce soit sous forme de beurre qu'ils mettent dans le thé, ou de fromage qu'ils laissent très fortement rassir et dégustent à longueur de temps. Le beurre de yak est également utilisé comme combustible pour les lampes des temples et monastères que les pèlerins viennent remplir tous les jours. Outre la laine et le cuir qui servent à faire vêtements, couvertures et sacs, les tibétains utilisent les bouses séchées pour se chauffer et faire bouillir la marmite...

Sur le plateau tibétain, entre d'un côté la Chaîne de l'Himalaya et de l'autre la Cordillère de Kunlun, coule le fleuve Yarlung Tsangpo, qui prend sa source dans l'Himalaya au sud ouest, traverse le Tibet d'ouest en est puis l'Inde où il prend le nom de Brahmapoutre. Enfin il rejoint le Gange au Bangladesh, avant de se jeter dans le Golfe du Bengale.

Ce fleuve n'est pas navigable dans cette région et revêt également un caractère sacré, ce qui n'a pas empêché le gouvernement chinois d'y construire un barrage hydroélectrique dans l'est de la province...

Par moment le terrain se fait moins aride et des zones cultivées apparaissent...

... mais la majeure partie de la province est couverte de montagnes.

Ces montagnes, qui offrent leurs flancs aux yaks et aux moutons, sont également sacrées d'autant qu'elles sont le lieu de leurs funérailles célestes. En effet, suivant la tradition, lorsqu'un tibétain meurt, sa dépouille est veillée trois jours par ses proches puis emmenée dans les montagnes où des Lamas, strictement dévoués à cette tâche, préparent le corps qui sera ensuite donné en pâture aux vautours. Pour cela ils découpent le corps en 365 parties dont ils retirent les os qui seront réduits en poudre puis mélangés à de la farine d'orge grillée pour être absorbés par les vautours. Ensuite ces derniers  recevront les entrailles et enfin la chair. Pour les tibétains le corps n'est que le véhicule de l'âme et se doit de retourner à la nature, c'est pourquoi il est important qu'après le repas des vautours il ne reste rien.... On comprend du coup bien mieux que la marche forcée vers le modernisme imposée par la Chine, même si elle prétend sauvegarder les traditions, ne peut pas plaire à ce peuple qui voit chaque jour pousser sur ses montagnes les pylônes et lignes à haute tension ainsi que les carrières et mines à ciel ouvert...

Voilà pour aujourd'hui, j'espère que la promenade au Tibet vous a plu ! Je reviens bientôt vous présenter les  magnifiques temples bouddhistes...